Les clés de l’agriculture de conservation des sols
« Décompacter mon cerveau avant mon sol ! »
Dès son installation en 2011, Vincent s’est engagé dans une agriculture de conservation des sols. Selon lui, changer ses pratiques n’est pas une galère si l’on sait bien se former et s’informer.
À 31 ans, et après déjà 10 ans d’installation, Vincent a profondément modifié le « profil » de son exploitation, en surface, comme en profondeur. Aujourd’hui, dans la ferme de 300 hectares qu’il conduit à Rougnac (16) avec un associé en Gaec, Vincent est le responsable des productions végétales tandis que son associé gère le troupeau de 140 limousines.
« Ici, avant, c’était de la monoculture de maïs, avec labour systématique » confie-t-il. Conséquence de cette conduite : une érosion de plus en plus problématique de ces terres en coteaux, du salissement et des soucis de structure du sol. Dès l’installation de Vincent, la charrue est vendue pour faire place à des outils à dents. Au bout de quelques années, le jeune agriculteur achète du matériel spécifique : un semoir à dent pour le semis direct des céréales, du colza et des couverts végétaux, et un StripTill pour l’implantation du maïs et du tournesol.
« La porte d’entrée de l’agriculture de conservation, ce n’est pas forcément le matériel »
« C’est vrai que passer au semis direct, c’est une prise de risque. Mais cela n’a pas été une galère, parce que j’étais bien entouré, bien informé. On croit trop souvent que la porte d’entrée vers l’agriculture de conservation, c’est la technique et le matériel. En réalité, ce sont les échanges, les discussions, les recherches d’informations. Il faut d’abord questionner son assolement, ses couverts végétaux. En quelque sorte, décompacter son cerveau avant de décompacter ses terres ! ».
Vincent a souvent trouvé ces informations « gratuitement » ou presque. L’agriculteur a visité les forums et réseaux sociaux (Agricool, Twitter…). Il a également fait des rencontres « en réel », grâce aux visites organisées par l’association BASE (https://asso-base.fr/). L’exploitant agricole est devenu depuis le correspondant départemental de cette association d’agriculteurs et de techniciens passionnés d’agriculture de conservation.
Aujourd’hui, le maïs est toujours présent sur son exploitation. Il est cependant accompagné de céréales (blé, orge, triticale), de colza (associé), de tournesol… L’agriculteur n’oublie pas la multitude d’espèces utilisées en couverts (seigle, féverole, pois, vesce, sorgho, millet, radis, moutarde..) et en fourrages et nourriture pour les animaux (notamment des méteils de seigle, triticale, vesce, trèfle incarnat).
Agriculture de conservation : un appui sur le web
Après 10 ans de pratique, Vincent ne se considère toujours pas comme un expert de l’agriculture de conservation. Il continue encore de faire des essais, parfois d’expérimenter sur des portions de parcelle. Et surtout, il poursuit ses échanges sur internet, avec les collègues dont beaucoup sont devenus des amis. Depuis quelque temps, les groupes Whatsapp sont venus s’ajouter aux forums et aux réseaux sociaux. « Quand, on pose une question sur une adventice, un ravageur, on a la réponse dans la journée. Souvent aussi, on discute, on débat sur nos pratiques. S’informer n’est jamais une perte de temps ».
NB : Vincent partage assez souvent ses observations et pratiques agricoles sur son compte Twitter @sources_vincent.